Région

Bref aperçu historique 

La Région de  Mopti est une région de très ancienne implantation humaine. La présence de nombreux vestiges préhistoriques ou historiques constitue des témoignages éloquents. L’histoire avant la période des grands empires est très peu connue. La Région a été intégralement ou partiellement provinces des empires du Ghana, du Mali et du Songhoy. 

Les Bambaras profitèrent de la période d’invasion marocaine pour mieux s’organiser.

C’est dans ce contexte de bousculades de grands empires et royaumes que naîtra la Dîna (1818-1862) ou royaume Peul de Macina dont le mérite est d’avoir pu donner à la région sa forme d’organisation la plus poussée de l’histoire, sous l’égide de Sékou Amadou. Sous la Dîna, la vie économique et sociale était bien réglementée. L’agriculture se développa amplement en harmonie avec l’élevage. Le grand conseil établit une réglementation pastorale qui eut force de loi dans tout le royaume. Toute personne qui la transgresse est sévèrement punie. Le pouvoir central se trouvait à Hamdallaye. Le royaume  était divisé en 5 grandes régions administratives  et militaires : 

  • le « jenneri »,  situé entre le Niger et le Bani ;
  • le « Fakala-kunari » :  le « kunari » est situé sur la rive droite du Niger, du village de Doghna à 15 km de Konna au Nord jusqu’au plateau rocheux à l’Est ; quant à « Fakala » il est situé sur la rive droite du Bani dans le prolongement du Kunari ;
  • le  « Haïré-Séno » correspondant à la région du plateau ;
  • le « Macina » situé sur la rive gauche du Niger ;
  • le « Nabbé-Dundé » correspondant à la partie Nord du Lac Débo.

Chaque région était dirigée par un chef militaire assisté d’un conseil religieux, d’un conseil judiciaire et d’un conseil technique. Quand Sékou Amadou mourut  en 1844, il avait un vaste royaume qui s’étendait de Tombouctou au pays Mossi et du Bakhounou au plateau. Son successeur fut son fils Amadou Sékou qui mourut en 1853. Ce dernier avant de mourir fit reconnaître son fils Amadou Amadou (1853-1862) comme successeur.

Le royaume Peulh du Macina prend fin le 16 mai 1862 à la prise d’Hamdallaye par le conquérant Toucouleur El Hadj Oumar. C’est entre les mains  du pouvoir toucouleur que le colonisateur français arrache la région en 1893. La ville de Djenné fut prise le 12 avril 1893 et Bandiagara le 29 avril 1893 par le Lieutenant Colonel d’artillerie Louis Archinard. Au cours du même mois, il occupe également la ville de Mopti. La 5ème Région actuelle du Mali dépendait du cercle de Ségou, créée le 13 mars 1893. Beaucoup de faits politiques et administratifs se sont déroulés sous la domination coloniale française (1893-1960) parmi lesquels l’érection de la ville de Mopti le 18 novembre 1955 en commune de plein exercice.

Le 22 septembre 1960, la République du Mali se fait inscrire sur la liste des pays indépendants. Une  grande page de l’histoire est ainsi fermée.

Situation géographique  

La région de Mopti s’étend entre les parallèles 15°45′ et 13°45’ de latitude nord d’une part, et les méridiens 5°30′ et 6°45′ de longitude ouest d’autre part. Elle couvre une superficie totale de 79.017 km², soit 6,34% du territoire national. Située au centre du pays, elle est limitée : 

  • au nord par la région  de Tombouctou ;
  • au sud par le Burkina Faso et la région de Ségou ;
  • à l’ouest par les  cercles de Niono et de Macina de la région de Ségou ; 
  • à l’est par le Burkina Faso et la région de Tombouctou.

Cette situation géographique  fait de la région de Mopti une zone de contact entre les régions situées au nord et au sud du Sahara. De plus, les conditions naturelles particulièrement favorables ont vite attiré les convoitises étrangères, faisant de la région un carrefour où on rencontre presque  tous les groupes ethniques du Mali. La position centrale du Delta Intérieur du Niger (DIN) dans la région l’en fait d’une zone de forte diversité biologique.

Découpage administratif

La région de Mopti compte 117 collectivités dont 8 cercles, 108 communes sur lesquelles on compte 5 communes urbaines (Mopti, Bandiagara, Djenné, Douentza et Tenenkou) et 2 081 villages et fractions. Quatre cercles sont situés en zone exondée (Bandiagara, Bankass, Koro et Douentza) et 4 en zone inondée (Djenné, Mopti, Tenenkou et Youvarou). 

La réforme de la Décentralisation a consacré 108 communes, 08 Conseils de Cercle, une Assemblée Régionale (Conseil Régional). 

Le relief

La région de Mopti présente une  grande diversité en raison de la présence de nombreux cours d’eau, de massifs montagneux, de plateaux  assez élevés  et de son étalement sur une large gamme de gradient pluviométrique. Du point de vue relief, on relève deux types de formations : les formations rocheuses et le manteau sableux. Le mont de Hombori avec 1.150 m d’altitude est le sommet culminant de la Région.  Dans la zone de Korientzé, N’gouma et Youwarou, on observe des hautes dunes de sable mouvant en bordure des lacs (Korientzé, Béma, Aougoundou, Niangaye) et du fleuve Niger en allant vers la région de Tombouctou. 

Dans la zone inondée, le relief est constitué d’une plaine inondable : le Delta Intérieur   du Niger (DIN), composé de vastes prairies hydrophiles à bourgoutières inondables, d’étendues d’eau libre et de bras de fleuve. Le delta intérieur du Niger est une zone déprimée de pendage général nord/nord/ouest. Quant à la zone exondée, elle présente trois régions naturelles à savoir :

  • le plateau Bandiagara-Hombori qui surplombe de 300 à 600 m sur une longueur de 200 km la plaine du Gondo-Séno par une paroi abrupte connue sous le nom de Falaise de Bandiagara ;
  • le Gondo-Mondoro qui est une plaine sableuse surplombée par les reliefs gréseux du plateau Dogon, de la Gandamia et du Hombori qui la surplombent ;
  • le Gourma limité successivement par les buttes tabulaires de la Gandamia et du Hombori qui la surplombent avec des murailles abruptes d’une hauteur de 500-600 m à 900m.
Le climat

La Région de Mopti s’étend du nord au sud entre la zone  sahélienne  et la zone soudano-sahélienne. Le climat est beaucoup plus caractérisé par la zone sahélienne avec une moyenne pluviométrique de 350 à 550 mm. On y rencontre deux saisons : une pluvieuse de juin à septembre et une sèche d’octobre à mai y compris une période froide de novembre à février avec de faibles amplitudes thermiques.  La température moyenne annuelle est de 28°C. Le mois de mai est le mois le plus chaud avec une moyenne de 33°C tandis que le mois de janvier est le plus frais avec une moyenne de 22°C.

Les conséquences des changements climatiques  notamment la baisse de la pluviométrie ont   des effets négatifs sur plusieurs composantes du milieu physique (sols, végétation, cours d’eau, ensoleillement, etc.)

Les sols

La  région de Mopti se caractérise par la fragilité des  équilibres  écologiques. Dans la zone inondée, les sols sont argileux dans la majeure partie du delta central avec des plaines alluviales à sols hydro morphes où poussent le bourgou et autres plantes aquatiques. Dans la zone exondée, les sols sont fortement dégradés, une dégradation qui se manifeste par l’appauvrissement général des sols suite à leur mise en culture régulière (cultures sèches comme le mil, le sorgho). Plusieurs facteurs sont à l’origine de l’appauvrissement des sols de la région. En plus du facteur climatique, on peut ajouter entre autres, la dégradation des formations forestières et des parcours pastoraux, la faible restitution au sol des prélèvements opérés par les cultures, la disparition des systèmes de jachère, la monoculture continue des céréales, la forte pression démographique et l’érosion éolienne et hydrique. On note une insuffisance dans l’intensification agricole et l’application des techniques de lutte anti- érosive.

La végétation

 La Région de Mopti présente une grande variété de  systèmes forestiers et de faciès. Elle dispose de sept (7) forêts classées toutes localisées dans le cercle de Youwarou et datant de la période coloniale (1946).  Suivant les zones écologiques, on trouve des types de végétations adaptés à chacune d’elles. Dans la zone inondée, on trouve un couvert herbacé et arboré hydrophile supportant l’inondation avec des espèces endémiques des stations à sols hydromorphes peu drainés. Dans la zone exondée, nous avons la zone du plateau avec les hauteurs de Douentza, Boni et Hombori où il y a un couvert  avec dépressions recueillant les eaux qui ne peuvent que ruisseler. Les forêts de la zone inondée sont en forte régression. En 21 ans les  superficies  forestières de la zone inondée ont régressé de 93%. Les forêts de la zone exondée sont  également soumises à une très forte dégradation due à l’exploitation par les populations locales. En 1987, la superficie totale des forêts était de 1 450 000 hectares. Par contre, en 2007, elles n’étaient plus que 451 114 hectares soit un taux de régression de 66,75%. Les formations forestières et les parcours pastoraux de la région sont dans un état de dégradation accentuée à cause de l’insuffisance de pluies et de la baisse des crues. A ces facteurs, il faut ajouter la forte pression de l’homme caractérisée par les feux de brousse, le surpâturage, la mise en valeur agricole des espaces jadis à usage exclusivement pastoral, la coupe abusive du bois, etc. 

La faune

 D’une manière générale, il y a une dégradation continue de l’habitat  de la faune et une régression des effectifs des espèces et des individus au niveau de chaque espèce. Les espèces fauniques rencontrées dans la Région sont : 

  • les éléphants dans la partie nord du Gourma, les phacochères,  les gazelles rufifron, les gazelles dorcas, l’oryctérope, les hyènes, le porc- épi, les chacals, les civettes, les rotels, les Damans de rochers, les cynocéphales, les crocodiles, varan, pythons ; 
  • l’avifaune : la grande outarde, la petite outarde, la pintade commune, le francolin ; 
  • les oiseaux : oie de Gambie et d’Egypte, Dendrocygne, Marabout, cigogne d’abdin, héron cruelier.
  • les oiseaux  nécrophages : vautour, gypse africain, gypse Rupel.

Certaines espèces sont menacées et d’autres en voie d’extinction. Les espèces  menacées  sont : le lamantin, la gazelle à front roux, la tortue terrestre, l’aigle pêcheur, le pélican,  le jabiru, le corbeau pie, le serpentaire, la grue couronnée, le marabout, le faucon pèlerin, les vautours. Les espèces  qui sont en voie d’extinction sont : l’hippopotame,le damalisque, la gazelle, dorcas et le fennec.

Les ressources halieutiques

 En 1954, une étude  a dénombré 138 espèces, dont au moins 24 espèces endémiques dans la zone inondée. Les observations sur les captures de 2009 dans les différentes zones dénotent l’existence de 98 espèces, la rareté de 17 espèces et la disparition de 22 espèces de poissons. Les menaces qui pèsent sur les ressources halieutiques sont : la baisse de la pluviométrie et la faiblesse des crues.

La pluviométrie

Elle s’étale de juin à septembre avec un maximum de  pluie en août. Elle se caractérise depuis le début des  années 70 par une  baisse et une grande variabilité inter annuelle qui se manifeste  par des années sèches récurrentes. Cette situation fragilise  les écosystèmes  et dégrade leurs ressources (l’eau, de la diversité biologique et des sols) rendant ainsi vulnérables les populations locales. Depuis 1970, on assiste à une insuffisance et une irrégularité des pluies. Les décennies 50 avec une moyenne interannuelle de 663 mm ont été plus  pluvieuses que les autres

 Les températures

 On assiste à  une augmentation des températures depuis les années 1980.  Avant 1980, rarement les moyennes annuelles de températures ont atteint 30°C mais depuis, elles atteignent 30°C. Ainsi les années les plus chaudes ont été: 1987 avec 30.6°C, 1993 avec 30°C et 2002 avec 30.2°C. Cette élévation des températures se poursuivra au cours des décennies. Combinée à la baisse de la pluviométrie, ces fortes températures contribueront à accélérer la dégradation de la biodiversité dans  la zone inondée. L’humidité relative est inférieure à 50% pendant les mois secs de novembre à juin. L’évapotranspiration varie entre 2 300 mm et 2 750 mm. La durée totale de l’insolation par an est de 3200 heures. Les vents forts soufflent de février à août avec un maximum en juin. 

L’hydrographie

La quasi-totalité de la région appartient  au bassin versant du fleuve Niger et dans une moindre proportion au bassin de la Volta noire. Le principal cours d’eau est le fleuve Niger avec 262 km de parcours dans la région et un débit annuel moyen de 974 m3 /seconde. Il a comme défluents le Diaka, le Bara-Issa et le Koli-Koli et  comme affluents le Bani, le Sourou, et le Yamé. En outre, il existe dans la région une multitude de mares et de lacs. Les principales mares sont  le Dakadan (Sofara), le Sensé (Mopti), Diallo (Diafarabé) et le Wango (Youwarou) qui sont utilisées pour des besoins  agricole, pastoral et piscicole tandis que les principaux lacs sont le Oualado(12 km2), le Débo(100 km2) , le Korientzé(55 Km²), le Korarou(170 Km²),  le Aougoundou (130 Km²) et le Niangaye(400 Km2).

 Les réserves statiques au niveau des aquifères de la région sont estimées à environ 1 907 milliards de m3. Les ressources renouvelables des aquifères profonds et superficiels font environ 46,3 milliards de m3. Les eaux de la région sont généralement de bonne qualité en dehors des eaux de certaines zones.

Sur le plan hydrographique on note : les fleuves : la Région de Mopti est dominée par les eaux de surface. Elle  est arrosée par le fleuve Niger (262 km) et ses affluents et défluents, le Bani (150 km) et la Volta Noire à travers le Sourou.